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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 10:59

J'ai beaucoup de romans à chroniquer, en ce moment, et peu de temps et d'énergie pour se faire. Je me dis "oh non, celui-là, je ne vais pas le rendre à la bibliothèque, je n'en ai pas encore parlé sur le blog", et résultat, j'ai une pile de livres en retard assez impressionnante (chut, faut pas le dire, mais j'ai toujours été incapable de rendre un livre dans les temps, et du coup je me sens très hypocrite quand je dis aux gens qu'ils ont des amendes parce qu'ils rendent leurs livres en retard). 

Bref, du coup je me suis dit que j'allais en parler de manière plus succintes, avec plusieurs livres dans le même article. Les romans présentés ici n'ont pas vraiment de rapport entre eux, mais c'est pas grave !

Mini-chroniques, romans jeunesse

Wifi-génie, une aventure de F@bien dot com de Luc Blanvillain (Scrinéo) :

En réparant un ordinateur trouvé chez sa grand-mère, Fabien réveille un génie capable de réaliser tous ses souhaits.

Le passage de la lampe magique à l’ordinateur rend la chose comique. Le génie peut copier-coller quelqu’un (pour envoyer la copie faire une balade pénible avec la grand-mère pendant qu’on fait la sieste tranquille), nous incruster dans une photo (si possible d’une plage paradisiaque), modifier l’horloge de l’ordinateur pour avancer dans le temps ou revenir en arrière… Et on retrouve l’humour de Luc Blanvillain qui m’avait tant plu dans Crime et Jean Slim (un des premiers romans chroniqué sur le blog, ici). Un peu d’action aussi, quand on virus informatique s’invite dans l’histoire. Ce roman se lit facilement et sera parfait à conseiller aux 9-11 ans.

Mini-chroniques, romans jeunesse

Cette fille est différente de J. J. Johnson (Alice) :

Evie, âgée de 16 ans et scolarisée à domicile, habite dans une maison écologique, entourée de poules et de vaches. Elle décide de passer une année au lycée.

J’avais hâte de découvrir, dans ce roman, le regard d’une jeune fille jusque là scolarisée à domicile sur le système scolaire (américain). Contrairement aux autres élèves qui ne voient plus les injustices, elle jette un regard neuf sur les choses, et le regard d’une fille éduquée à lutter contre les injustices. Cependant, j’ai trouvé que ce roman n’allait pas au bout des choses et que la critique restait assez superficielle (l’utilisation du téléphone, la propreté des toilettes), mettant plutôt l’accent sur une bluette pas très originale. J’attendais peut être plus une réflexion sur le sujet qu’un « simple » roman ado. En revanche, j’ai apprécié les petites touches féministes (et le fait que l’héroïne soit prête à remettre en cause ses propres clichés : non, toutes les pom-pom girl ne sont pas des potiches sans cervelle) et la réflexion sur l’usage que l’on fait d’internet et comme les choses peuvent facilement nous échapper.

Mini-chroniques, romans jeunesse

A comme aujourd’hui de David Levithan (les grandes personnes)

Chaque jour, A habite un corps différent. ll s'est habitué à cette situation, se fixant pour règle de ne jamais s'attacher. Mais tout change lorsqu'il se réveille dans le corps de Justin, 16 ans, et tombe amoureux de Rhiannon. Il refuse alors de laisser derrière lui la personne avec qui il veut vraiment passer le reste de sa vie.

Un roman agréable à lire, qui ouvre beaucoup de pistes de réflexion. A doit s’adapter quasiment instantanément aux corps qu’il habite, et à leurs différences. On vit ses différences de ressenti selon qu’il est dans le corps d’une fille, d’un garçon, d’un sportif, d’un obèse, d’une personne aveugle, d’un adolescent drogué… Mais il doit aussi s’adapter à des vécus sociaux très différents : famille unie, adolescente immigrée clandestine contrainte de travailler. C’est un des aspects du roman que j’ai beaucoup aimé, mais le fait qu’il passe une seule journée dans chaque corps ne permet pas de creuser vraiment la réflexion. Ce roman amène aussi une réflexion intéressante sur l’amour. A a vécu des relations à tous les stades, et de tout type : le coup de foudre du début, l’histoire qui dure, l’histoire qui fait mal… Mais jamais pour plus d’une journée. Peut-il comprendre ce qu’est une vraie relation ? Et quand il finit par avouer son secret à Rihannon se pose également la question de la place du corps dans une relation. Comment aimer une même personne qui a chaque jour un corps différent ? Est-ce possible ? Un chouette roman pour ados.

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 15:22

J'ai découvert Silvana de Mari avec un roman "social" qui m'a beaucoup plu, le chat aux yeux d'or. Radicale m'a alors conseillé un autre de ses romans, le dernier elfe (Albin Michel, 2005).

Le dernier elfe de Silvana de Mari

Yorsh, le dernier des elfes, "né depuis peu" a du fuir son village. Il tombe sur deux humains et voyages avec eux. Pourtant, il ne comprend pas vraiment les humains, qui sont des êtes stupides. 

Voilà ce que donne sa première conversation avec une humaine :

- Toi être un humain femelle, conclut-il d'un air triomphal.
- On dit "femme", imbécile, dit l'humain.
- Oh, moi demander pardon, femme imbécile, moi faire plus attention. Je ne me trompe plus, femme imbécile dit le petit elfe d'un ton résolu.
Le langage des humains lui posait problème. Il le connaissait peu et ils étaient si susceptibles et leur susceptibilité déchaînait leur férocité. Sa grand-mère était catégorique sur ce point-là.
- Tu cherches des problèmes, petit ? menaça la femme.
Le petit elfe demeura perplexe.
Sa grand-mère disait que l'absence de toute forme de pensée logique, que l'on pouvait qualifier, pour faire court, de "stupidité", était la caractéristique fondamentale qui différenciait la race humaine de la racle elfique, mais, bien que prévenu, il fut désorienté par l'ineffable stupidité de cette question.
- Non, moi ne pas le désirer, femme imbécile.

S'en suit la découverte une prophétie, la rencontre avec un troll, une quête à la recherche du dernier dragon... qui s'avère bien différent de l'être majestueux qu'ils s'attendaient à rencontrer. 

Bref, on retrouve tous les éléments incontournables d'un roman d'héroïc fantasy, et le principal atout de ce roman est son décalage avec les représentations habituelles. Les dialogues sont savoureux, entre l'elfe et les humains, mais aussi entre les humains eux-mêmes. J'ai beaucoup souri, parfois ri à la lecture. 

 

La seconde partie voit apparaitre, parallèlement à l'histoire de l'elfe, un nouveau personnage important, Robi, une fillette très dégourdie qui vit dans un orphelinat sordide. Et un jeune dragon, pas vraiment modeste. Le livre perd alors un peu de son originalité, l'humour y est un peu moins présent, mais la lecture reste savoureuse. 

Un roman à conseiller aux fan de fantasy qui ont envie d'un peu de changement ! (accessible dès 11-12 ans, je pense).

L'auteure a aussi écrit un roman intitulée le dernier orc, que Radicale a beaucoup apprécié mais que je n'ai pas (encore ?) eu l'occasion de lire. 

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 15:01

J'ai découvert Christelle Dabos et "les fiancés de l'hiver", premier volume de la série "la passe-miroir" publiée chez Gallimard Jeunesse avec cet entretien dans télérama pour le prix du roman jeunesse et cet article de Fantasia m'a encore plus donné envie de lire ce livre. Du coup quand on a reçu ce livre à la bibliothèque (oui, un an après sa publication, faut pas être trop pressé quand tu attends un titre précis à Paris) je suis partie avec le jour même. 

Les fiancés de l'hiver de Christelle Dabos

Et j'ai dévoré les 500 pages en un week end. Moi qui comptait profiter de l'absence de mon fils un week end pour me coucher tôt et faire la grasse mat', j'ai lu jusqu'à 1h30 du matin et je me suis précipité sur le livre en me reveillant, ce qui fait que je l'ai dévoré en moins de 12h ! Ce livre n'est pas un "simple" page turner, c'esrt un vrai coup de coeur.

Et je suis en ce moment face à un dilemme : j'ai très envie de vous parler de ce roman pour vous en dire énormément de bien mais je ne sais pas très bien comment m'y prendre, parce que j'ai peur de ne pas lui faire honneur. 

Alors je vais commencer par vous faire lire le premier paragraphe :

On dit souvent des vieilles demeures qu'elles ont une âme. Sur Anima, l'arche où les objets prennent vie, les vieilles demeures ont surtout tendance à développer un abominable caractère.
Le bâtiment des archives familiales, par exemple, était continuellement de mauvaise humeur. Il passait ses journées à craqueler, à grincer, à fuir et à souffler pour exprimer son mécontentement. Il n'aimait pas les courants d'air qui faisaient claquer les portes mal fermées en été. Il n'aimait pas les pluies qui encrassaient sa gouttière en automne. Il n'aimait pas l'humidité qui infiltrait ses murs en hiver. Il n'aimait pas les mauvaises herbes qui revenaient envahir sa cour chaque printemps.
Mais par dessus tout, le bâtiment des Archives n'aimait pas les visiteurs qui ne respectaient pas les horaires d'ouvertures.

Je ne sais pas vous, mais moi, rien qu'en lisant ce paragraphe et le reste du premier chapitre, j'étais déjà sous le charme.

 

Mais revenons au résumé : Ophélie a deux dons : elle peut lire le passé des objets en les touchant (elle est donc ce qu'on apelle une liseuse) et elle peut se téléporter en passant à travers les miroirs. Elle est fiancée contre son gré à Thorn, un homme particulièrement antipathique, qui vit sur une autre arche, et elle doit quitter sa famille pour le suivre. 

Ophélie est une héroïne particulièrement attachante, parce qu'elle ne cherche pas à être séduisante. Elle cherche à être libre, à comprendre ce qui se passe autour d'elle, puis tout simplement à survivre dans un univers hostile et dont elle ne maîtrise pas les codes. Elle est opiniâtre voire tétue. Elle est aussi particulièrement maladroite suite à un accident de miroir :

« Je suis demeurée coincée dans deux endroits en même temps, plusieurs heures durant, murmura Ophélie. Mon corps ne m'obéit plus aussi fidèlement depuis ce jour. J'ai subi une rééducation, mais le médecin avait prévu qu'il me resterait quelques séquelles. Des décalages. »

L'auteure en parle ainsi : "j'ai voulu qu'Ophélie leur ressemble (aux héroïnes de Miyazaki) : quelconque, renfermée, apeurée et fascinée par son destin, mais jamais très expansive". Elle m'a particulièrement plu.

Le livre est écrit de son point de vue. On découvre sa nouvelle vie, les pièges que renferment la citacielle et l'entourrage de son futur mari en même temps qu'elle. Alors qu'elle vivait dans une société relativement simple, elle doit comprendre le fonctionnement d'une société de cour. Et celà alors que son seul allié, son fiancé Thorn, est froid, sec et méprisant (au départ du moins) et semble detesté par tous : son peuple, sa famille...

 

L'autre point fort de ce livre à mes yeux, c'est l'univers créé par Christelle Dabos. Les arches qui proposent chacune un univers unique, reliées entre elles par des dirigeables. A la citacielle, capitale du pôle où Ophélie doit suivre Thorn, tout est faux-semblants, avec son architecture magique et ses mirages. Christelle Dabos a un vrai talent pour décrire ce monde, et donner à une intrigue somme toute classique (un couple qui se deteste, mais peut être que..., des pouvoirs magiques différents selon les familles, la découverte d'une société de cour inconnue avec ses pièges) un côté unique. 

 

J'attends donc avec impatience le deuxième tome, qui devrait être publié avant la fin de l'année. Et je vais vivement conseiller ce roman aux ados bon lecteurs, dès 13 ans (et aux adultes, aussi, au passage !).

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19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 22:00

Marie-Aude Murail est mon auteure jeunesse préférée. Une des rares à réussir à me faire rire et pleurer dans un même roman (je pense en particulier à "Oh boy!", ça marche à chaque fois que je le lis, et j'ai bien du le lire 3 ou 4 fois). Il est donc étonnant que je ne me sois pas jetée plus tôt sur son dernier opus, "3000 façons de dire je t'aime". Il faut dire que le résumé ne m'inspirait pas spécialement. Mais je me suis laissée tenter à cause de l'auteure, et j'ai eu raison.

3000 façons de dire je t'aime de Marie-Aude Murail

Chloé, Bastien et Neville, qui étaient ensemble au collège, se retrouvent par hasard lors du premier cours de théâtre au conservatoire. Ils deviennent très vite inséparables. 

Pourtant, ils sont très différents les uns des autres. Bastien, fils de commerçants, ne rêve que de faire rire. Neville, fils d'une mère célibataire, porte le prénom d'un héros de série. Sa mère "ne s'était pas avisée que le héros britannique étiat silencieux et tourmenté. Dès le bereau, Neville décida de lui ressembler". Chloé, fille de prof, élève modèle, mène une petite vie bien rangée et un peu étouffante, et trime en prépa. Si le côté "tous les oppose et pourtant il vont devenir proches" semble un peu artificiel au début, ça ne dure pas. 

Et ce livre est avant tout l'histoire d'une relation, essentielle pour ceux qui la vivent lors du passage à l'âge adulte. Une relation qui ne s'embarrasse pas d'étiquette. Amitié ? Amour? Hétérosexualité, homosexualité, bisexualité ? Ça n'a aucune importance, ce qui compte c'est qu'ils s'aiment, qu'ils sont là les uns pour les autres, dans une de ces relations fusionnelles qu'on peut vivre à l'adolescence (est-ce que ces relations ne peuvent de vivre qu'à 18 ans ? Disons que j'étudie la question en ce moment...).

Ce livre est aussi une ode au théâtre, à ses acteurs et à ses auteurs, les citations sont nombreuses, les personnages parlent des pièces qu'ils lisent et des scènes qu'ils travaillent (alors oui, on imagine qu'il pourrait être utilisé de manière pédagogique, mais pitié, ne lui faites pas subir ça !). Et un éloge du professeur attentif, qui sait tirer le meilleur de ses élèves, mais qui n'est pas sans défauts pour autant. 

Comme toujours, Marie-Aude Murail mèle avec énormément de talent humour et émotion. Certains passages sont hilarants, en particulier la description de la représentation dee Roméo et Juliette par le club de théâtre du collège avec une prof "atteinte d'une maladie curieuse (qui) ne supportait pas les romans qui finissent bien, qu'elle pensait écrits pour les imbéciles et les américains" et des "rouges" et des "bleus" pour que les élèves s'y retrouvent entre Capulet et Montaigu. Même si des sujets plus grave affleurent, on reste cette fois du côté de la légerté. 

En bref, un très bon moment, un roman qui se lit facilement pour les ados dès 13 ans. 

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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 15:48

C’est mon collègue qui a absolument voulu commander ce roman pour la bibliothèque. Et quand il est arrivé, c’est la couverture qui m’a fait de l’œil et donné envie de le lire (même si après lecture, on ne retrouve pas vraiment l’héroïne en surpoids dans la petite fille maigrichonne de la photo).

Le chat aux yeux d'or de Slivana de Mari

C’est le jour de la rentrée pour Leila. Elle quitte l’école du quartier des marais où elle vit, entre des bidonvilles et un camp de réfugiés, pour le collège de la ville. Mais elle se heurte au mépris et aux moqueries des élèves plus aisés et des enseignants. Elle aperçoit par la fenêtre un chat . « Il est noir, squelettique, tout écorché et blessé, avec des yeux brillants comme les étoiles quand le ciel en est plein ». Et d’une certaine manière, ce chat va lui venir en aide.

 

Ce roman n’hésite pas à aborder des sujets très durs. Leila est pauvre. Vraiment pauvre. Sa mère se tue à la tâche en faisant des ménages au noir, sans réussir à en vivre dignement. La réalité n’est pas édulcorée, la précarité s’accompagne de son lot de difficultés :  pères absents, enfants livrés à eux-mêmes, maltraitance et même mutilation sexuelle…. Pourtant, aucun misérabilisme dans la représentation de sa vie. Sa mère est aimante, son quartier est un lieu de découvertes qui fait de Leila une petite fille beaucoup plus dégourdie que ses camarades du même âge, il y règne une certaine solidarité, en particulier entre enfants.

 

 

Ce qui est marquant, c’est la dureté de l’école, des professeurs, pour cette enfant qui ne sort pas du moule qu’ils attendent. Il y a ceux qui pêchent pas une pitié excessive (la prof de maths qui la regarde avec pitié au lieu de lui expliquer comment faire une division), le prof de sport qui ne réfléchit pas au fait que ce qu’elle exige n’est pas possible pour tous les élèves :

 

« Il n’y aura pas cours aujourd’hui car personne n’a sa tenue de sport le premier jour, ça va de soi. On commence donc la prochaine fois. Ceux qui se présenteront sans le nécessaire auront un avertissement, souvenez-vous en. A propos, le nécessaire comprend… ils prennent des notes ? Bien… un survêtement bleu foncé ou éventuellement noir, un T-shirt à manches courtes, blanc, sans rien d’écrit, de dessiné ou de gribouillé dessus, une paire de chaussettes avec talon renforcé, une paire de chaussures de sport…

Leila a pris son stylo, mais elle le repose sans rien écrire. Elle se dit que si elle avait ces affaires ou les moyens de les acheter, elle ne se baladerait pas attifée comme quelqu’un qui s’est échappé d’un camp de réfugiés ou a volé ses vêtements à un épouvantail. (…) Elle sait déjà qu’elle oubliera ses affaires pendant tout le reste de l’année scolaire. »

 

Mais aussi l’hostilité et le mépris affichés de la prof d’italien :

« De quelle école viens-tu ?

Question facile.

- De la Santorre de Santarosa, répond Leila.

Peut-être était-ce moins facile qu’il n’y paraissait : les angles de la prof d’italien s’effondrent de désaprobation et les rires moqueurs fusent de nouveau dans la classe. Au cours des minutes qui suivent, Leila se rend compte que les écoles se divisent en établissements de catégorie A et établissements de catégorie B.

Or la Santorre de Santarosa fait visiblement partie de la catégorie Z. Son nom ronflant désigne en fait un baraquement à proximité des marais, fréquenté par les enfants des camps de réfugiés et de nomades. On n’y trouve en général aucun spécimen national. L’année dernière, Leila était une exception. D’ailleurs, il n’est même pas prévu qu’un élève sorti de ce poulailler ose gravir les marches menant au collège. La prof d’italien commente : les parents de nationalité italienne, même ceux qui vivent dans les marais (et qui, soit dit en passant, ne sont pas la crème de la crème) ne sont quand même pas si stupides. Comment font-ils pour ne pas comprendre la nécessité d’inscrire leurs enfants ailleurs ? »

 

La dureté de certains passages est « compensée » par la douceur d’autres. Leila va créer des liens avec des enfants de sa classe. Découvrir que l’aisance financière ne rend pas forcément heureux et ne garantit d’une famille équilibrée. Chacun va apprendre des autres, à l’occasion d’un exposé sur halloween. La lecture (en particulier celle du seigneur des anneaux) va lui permettre, ainsi qu’aux enfants de son quartier, d’accéder à autre chose. Un chien perdu, qui débarque chez elle, va contribuer à la rendre heureuse. Et son propriétaire qui la recherche pourra peut être bien jouer un rôle dans sa vie…

Le happy end est un peu (beaucoup) facile, mais donne le sourire. C’est un des avantages du roman jeunesse de faire passer sans que ce soit gênant un retournement de situation pas forcément crédible.

 

La présence du fantastique, très légère, avec le personnage du chat, n’existe peut être que dans l’imagination des lecteurs. J’ai aimé le fait qu’elle ne soit pas trop appuyée.

 

La seule réserve que j’aurais sur ce roman, c’est le début. Le prologue n’est à mes yeux pas très utile et les « conseils pour devenir écrivain » de l’auteur qui ouvrent le premier chapitre jurent avec le ton du reste du livre. Mais il serait vraiment dommage de s’arrêter à ça et de ne pas découvrir la suite.

 

Un roman à lire dès l’entrée au collège (les personnages sont donc en 6e) et à faire lire aux plus grands, aux adultes et aux profs pour qu’ils réalisent qu’ils pourraient faire partie de ces personnes un peu méprisantes, même sans le vouloir, face à une élève qui ne rentre pas dans le moule, alors que souvent, comme Leila dans ce roman, c’est quelqu’un d’extraordinaire que l’on va avoir envie de suivre et de découvrir.

 

Un autre avis chez Radicale (blog découvert récemment et qui décidément me plait bien...).  

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16 mai 2014 5 16 /05 /mai /2014 12:00

J'ai un aveu à faire : j'adore la chick litt', même celle pour ados. Alors Attachiante m'a fait envie, un jour où j'avais envie d'une lecture pas prise de tête.

Attachiante de Sarah Manning

Ce livre a officiellement le scénario le moins original qu'on puisse imaginer : ils sont complètement différents, ils se détestent, se chamaillent à longueur de temps, mais son irresistiblement attirés l'un par l'autre. Et ce qui n'était au départ que physique va devenir une belle histoire d'amour. Voilà voilà. On ajoute à ça un secret de famille, un voyage à New York, des mensonges qui seront découverts... Bref, rien de palpitant de ce côté là.

Et pourtant, je me suis régalée en lisant ce livre. Grâce à l'héroïne. 

Si tout le monde la rejette au lycée parce qu'elle est excentrique, c'est une star du net grace à son blog et son compte twitter (j'avoue qu'avoir comme définition de geek "elle s'habille en fripperie et est dépendante de twitter" ferait s'étrangler plusieurs de mes amis ^^, mais passons). Mais surtout, elle assume ses réflexions, les dialogues sont savoureux, elle a un super sens de la répartie et ses chamailleries avec Michael débordent de naturel (la scène de sexe vaut le détour, bien loin des minauderies ou des élans de romantisme de la plupart des romans pour ados, mais sans virer vers le trash). Et puis une héroïne féministe, qui le clame haut et fort, ça aussi ça fait du bien. Des romans pour ados où on croise "clitoris" ou "patriarcat", il n'y en a pas tant que ça !

 

Bref, même si ce roman n'est pas un chef d'oeuvre, on passe un excellent moment, et on évite le côté lénifiant qu'ont trop souvent les romans d'amour pour ados.

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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 23:03

Toujours dans la période "je suis incapable de me servir de mon cerveau", j'ai attrapé à la bibliothèque un soir avant de partir "Soeurs sorcières" de Jessica Spotswood. J'avais lu je ne sais plus où une description de ce livre en ces termes : "entre Charmed et Jane Austen". Je me suis dit que ça conviendrait donc plutôt bien.

Soeurs sorcières de Jessica Spotswood

Comme dans Charmed, donc, nous voici en présence de trois soeurs sorcières qui doivent cacher leurs pouvoir. Mais ici, ce sont trois adolescentes dans une Angleterre imaginaire du début du XXe siècle. Les Frères, fanatiques religieux fermement opposés à la sorcellerie, sont au pouvoir. Etre sorcière, c'est être envoyée à l'asile ou en prison. A 17 ans, les filles doivent choisir entre le mariage et la soumission à leur mari et l'ordre religieux des soeurs. 

Cate, l'aînée, tente de veiller sur ses soeurs. Parce qu'en plus de ces menaces, une phropéhie (forcément) annonce que lorsque vivront trois soeurs, toutes les trois sorcières, l'une d'elle sera la plus puissante sorcière de tous les temps. Ce qui va attiser bien des convoitises...

En plus de cela, Cate aura 17 ans dans quelques semaines, et il lui faut choisir son sort. Heureusement, elle a un prétendant, et un autre jeune homme ne la laisse pas indifférente... (bah oui, actuellement on ne peut pas publier de roman pour adolescent s'il n'y a pas de triangle amoureux !).

 

Je dois avouer que ce roman, même s'il reprend beaucoup de ce qui est à la mode dans les romans pour ados actuellement (sorcellerie, pouvoir entre don et malédiction, triangle amoureux, société dictatoriale...), m'a embarqué.

J'ai aimé son ambiance. C'est une petite ville de campagne du début du XXe siècle, avec ses olbigations sociales, son petit cercle de la bonne société, son hypocrisie, mais aussi la maison des héroïnes et son jardin, refuge idéal. L'auteur prend le temps d'installer une ambiance, un contexte "historique" par petites touches.

J'ai apprécié l'héroïne. Elle n'est pas parfaite, pas héroïque. Elle aime jardiner, la tranquilité de son coin de campagne. Elle est tétue, en colère voire colérique, révoltée de se retrouver coincée dans cette situation. Elle cherche juste un moyen de veiller sur ces soeurs. Cela passe avant tout, avant même ses propres désirs. 

Ce roman a agréablement flatté mon côté féministe. Cate refuse de se laisser enfermer dans une cage, même une jolie cage dorée. Même s'il est hors de question de se révolter ouvertement, la simple idée de se soumettre à un époux, de ne pas pouvoir mettre en pratique ses connaissance et vivre sa vie comme elle l'entend la scandalise. 

L'histoire d'amour, certes assez prévisible, est mignonne. J'aurais aimé que l'auteur creuse davantage les relations entre Cate et ses deux soeurs.

La tension monte tout a long du roman, entre révélations sur la prophétie, anniversaire de Cate qui approche, une gouvernante moins innocente qu'il le semble au premier abord...  Les évènements se précipitent dans les 50 dernières pages.

En un mot, un roman un peu prévisible mais agréable à lire. J'avoue que j'attends la suite !

 

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30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 12:00

Ces dix derniers jours j'étais en "phase migraine", cette période qui m'arrive tous les 5-6 mois où j'ai pendant une quinzaine de jours un mal de crâne assez constant qui peut se transformer en crise de migraine, et qui m'épuise. Il faut donc faire avec.

Il me fallait donc des romans en adéquation avec mes capacités intellectuelles du moment. J'ai donc pioché dans les romans ados "pour filles" comme j'aurais pu me plonger dans de la chick litt. Une guitare pour deux m'a donc semblé parfait.

Une guitare pour deux de Mary Amato

"Impossible de vivre sans guitare. C'est ce que pense Tripp quand sa mère lui confisque son instrument. Sa seule solution : répéter un midi sur deux, dans la salle B, avec une vieille guitare. Lyla, consciencieuse violoncelliste, occupe la salle les autres jours. Ces deux-là commencent par se détester par petits mots interposés. Mais bientôt, les échanges virent aux confidences et une toute autre relation s'installe entre eux." (4e de couv). 

 

C'est l'histoire habituelle de deux adolescents que tout semble opposer mais qui finalement vont se rapprocher. Tripp est un ado renfermé, qui n'a pas vraiment d'amis, n'est pas bon élève, et n'est vraiment heureux que quand il joue de la guitare, seul. Lyla, elle, est l'adolescente parfaite aux yeux de tous : bonne élève, excellente violoncelliste... mais elle etouffe dans ce rôle de petite fille modèle et ne prend plus aucun plaisir à jouer du violoncelle.

Pendant une bonne partie du roman, nous suivons les deux adolescents alternativement, leur seul lien étant les petits mots qu'ils se laissent dans la salle de musique, d'abord énervés et agressifs, puis plus riches, et peu à peu une réelle amitié nait, sans qu'ils se parlent directement. Leurs rencontres n'interviendront que dans la seconde partie du roman. Ils découvrent leurs points communs (Tripp a perdu son père, Lyla sa mère, et surtout, bien sûr, ils sont tous les deux passionnés de musique). Grâce à Lyla, Tripp accepte de s'ouvrir un peu, comprend que la richesse de la musique est aussi dans le partage. Et grâce à Tripp, Lyla comprend qu'elle peut arrêter de jouer perpetuellement à la petite fille parfaite et faire ce qui lui plait vraiment, de la guitare, composer des chansons et jouer. La situation va à nouveau se compliquer quand les parents des deux adolescents vont s'en mêler et quand Tripp et Lyla vont pouvoir chanter pour la première fois en public. 

Le roman mêle à la narration les petits mots, les mails et les textos que les ados s'envoient, les chansons qu'ils écrivent, et même les interros de physique de Tripp d'une manière assez maline. Le roman se lit vraiment facilement.

On passe un bon moment en leur compagnie, les ados sont plutôt bien campés, pas caricaturaux, leur évolution est crédible. J'ai quand même trouvé que certains passages, certaines péripéties étaient un peu "faciles" (Lyla qui n'a jamais touché à une guitare de sa vie mais qui écrit des chansons en s'accompagnant à la guitare en quelques jours, ou encore Tripp qui est le seul à s'apercevoir que Lyla joue du violoncelle sans y mettre "tout son coeur" alors qu'elle joue devant des dizaines de personnes et réussit toutes ses auditions).

En un mot, pas vraiment de coup de coeur pour ce roman mais une lecture légère et agréable, comme le laissait entendre la couverture, que je trouve réussie. 

On peut écouter les chansons du livre ici et retrouver l'avis de Delivrer des livres

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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 14:00

J'ai découvert Timothée de Fombelle avec Tobie Lolness, un de mes gros coups de coeur de l'année dernière. J'étais donc ravie de lire son dernier roman, Victoria rêve.

Victoria rêve de Timothée de Fombelle

Victoria dévore les livres. Victoria rêve.

Victoria rêvait de dangers, de poursuivants armés, d'amis qui se battraient pour elle à l'épée, de rivière à traverser à la nage traquée par des ours. Oui, des ours. (...) Victoria voulait une vie d'aventures, une vie folle, une vie plus grande qu'elle.

Alors quand du mystère s'invite enfin dans sa vie, elle veut croire que la vie de ses rêves l'emporte enfin. Elle est tout à fait prête à croire que trois cheyennes sont cachés dans sa penderie ou que l'horloge du salon a décidé de partir en voyage. Elle est prête à prendre tous les risques pour faire partie de cette aventure. Et même si la réalité ne correspondra pas à ce qu'elle en attendait, elle en tirera quelque chose d'aussi riche que son imaginaire.

 

Contrairement à Tobie Lolness, on ne s'embarque pas ici dans une longue épopée, puisque ce court roman se lit en une heure. Mais c'est une heure magique, où on a le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux. On retrouve la grace de l'écriture de Timothée de Fombelle. Comme Victoria, on a envie de croire à ces rêves, après tout, on est dans un roman... On se laisse emporter. 

Ce livre, c'est une déclaration d'amour aux livres et à la lecture, comme le montrent les pages de gardes, illustrées par François Place :

Victoria rêve de Timothée de Fombelle

Je me suis beaucoup retrouvée adolescente dans ce portrait de jeune fille toujours fourrée dans ses livres et dans ses rêves. Par ce désir de réécrire la réalité à travers l'imaginaire. Et je l'ai beaucoup enviée d'avoir eu cette idée magique, au point d'avoir envie de le faire aujourd'hui dans ma chambre :

La chambre de Victoria était très simple. (...) Il y avait seulement, à la hauteur de ses yeux, une longue étagère unique, remplie de livres, qui faisait le tour de la chambre. Cette ligne de livres, Victoria l'appelait l'horizon.

 

Au delà de l'univers de Victoria, entre réel et imaginaire, ce roman aborde aussi des sujets plus durs, ancré dans un réel bien triste de crise économique, mais il est difficile d'en parler ici sans trop dévoiler de l'intrigue. Mais c'est aussi ce qui fait la richesse de ce roman. 

 

Vous l'aurez deviné, c'est un vrai coup de coeur. Vous pouvez retrouver une autre chronique élogieuse sur le blog de la mare aux mots et une chronique sur la version CD, lu par l'auteur, sur le blog de Maman Baobab

 

Et si vous vous posez des questions sur l'âge auquel le lire, je dirais qu'il peut régaler un adulte, et que je l'aurais destiné, moi, aux adolescents. Mais l'éditeur indique "à partir de 9 ans" et en effet la brieveté et la simplicité du texte le rendent accessible à cet âge. Je me suis rendue compte que si je le destinais aux ados, c'est parce que je me voyais moi, ado, dans ce livre. Les conseils d'âges sont toujours tellement subjectifs...

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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 12:00

M., à la bibliothèque, c'est un peu notre lectrice préférée. Elle doit lire 5 ou 6 romans par semaine, autant de BD, et elle réemprunte ses romans préférés pour les relire. Et puis elle est fan de Marie-Aude Murail, Malorie Blackman ou Timothée de Fombelle, donc forcément, on s'entend bien. La dernière fois qu'elle est passée à la bibliothèque, je lui ai conseillé quelques romans, mais je lui ai demandé aussi quels étaient ses coups de coeur. On est repartie chacune ce soir là avec un gros sac de livres. Le combat d'hiver de Mourlevat faisait partie de ma pile. Comme j'avais adoré Terrienne, du même auteur, je m'y suis plongée avec enthousiasme.

Le combat d'hiver de Jean-Claude Mourlevat

Dans une société dirigée par la Phalange, Milena et Bartolomeo, deux adolescents, fuient l'orphelinat où ils étaient enfermés pour reprendre le combat de leurs parents, au sein de la résistance. Deux de leurs amis, Milos et Helen, qui savent qu'ils seront poursuivis par les redoutables hommes-chiens, s'échappent à leur tour pour les aider.

 

On retrouve dans ce roman beaucoup des éléments de la dysptopie à la mode dans les romans ados : dictature militaire, orphelinat qui ressemble plutôt à une prison, résistance, adolescents en lutte, présence (discrète ici) du fantastique... Mais le talent de Mourlevat lui permet de se détacher nettement du lot.

Par la qualité de son écriture, déjà.  Il crée une athmosphère à part, en quelques lignes. Une atmosphère qui reste nimbée de mystère, puisque Mourlevat en laisse planer le mystère sur de nombreux éléments du passé et mêle le fantastique (hommes-chiens, hommes-chevaux) à une réalité qui ressemble étroitement à la notre.  

Par certains éléments originaux, de vrais moments de poésie : le rôle des "consoleuses", là pour soutenir les orphelins, pour simplement leur apporter de la chaleur humaine, de l'amour. Ou le discours de Bartolomeo devant les "hommes-chevaux", dans la brume. 

Par le souffle épique de ce roman, le courage de ces adolescents et surtout ces hommes qui se lèvent pour marcher, ensemble.

Par le fait de mettre en scène les héros de l'histoire, ceux qui osent s'échapper les premiers, ceux qui seront poursuivis, ceux qui mèneront la lutte... Mais aussi leurs amis, qui suivent au lieu de mener, mais qui sont tout aussi courageux et déterminés à se battre pour vivre leur vie. 

 

Au centre du roman, la musique. La voix, hors du commun, de Milena. La musique qui peut soulever, emporter les hommes. Leur donner envie de combattre pour ce qui est juste. La musique comme cadeau aussi, un chant offert à ceux qu'on aime. Ce roman est un hommage à Kathleen Ferrier, contralto que j'ai découverte en lisant ce livre et que j'écoute en écrivant ces lignes. 

Je ne sais pas si c'est aussi le cas pour vous, mais parfois mon opinion définitive se fait longtemps après avoir vu un film ou lu un livre. Parfois, il m'a plu sur le coup, mais avec le temps qui passe, je me rends compte que c'était un honnête divertissement, mais rien de plus. Et parfois, c'est le contraire : sur le coup, je l'ai trouvé pas mal, et c'est avec le recul que je me rends compte de ses qualités, et plus le temps passe, plus je me rends compte que c'était en fait une lecture marquante.

C'est le cas de ce livre, que j'ai lu il y a presque un mois maintenant. J'ai apprécié la lecture sur le moment, et depuis, j'ai réalisé à quel point c'était un bon livre et comme il peut être une lecture marquante, en particulier pour des ados. Un gros coup de coeur.

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  • : Le blog de Lila
  • : Bibliothécaire, maman du magicien (né en 2012) et de la puce (née en 2015), je parle de mes coups de coeur en littérature jeunesse, de ma vie, de mes ballades... J'ai un autre blog, http://filledalbum.wordpress.com où je réunis des ressources pour une littérature jeunesse antisexiste.
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