Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 février 2015 6 14 /02 /février /2015 15:58

Vous avez peut être déjà entendu parler de la campagne contre les touchers vaginaux sous anesthésie générale. Si ce n'est pas le cas, en voilà un bref résumé : un document de l'université Lyon I indique que les touchers vaginaux peuvent être appris "au bloc sur patiente endormie". Aux questions légitimes concernant le consentement de la patiente, ou plutôt son absence, on a répondu que ça n'avait jamais existé. Pourtant les témoignages existent et le mépris de certains médecins fait froid dans le dos. Et la doyenne de l'université Lyon I a commencé par dire "On pourrait effectivement demander à chaque personne l’accord pour avoir un toucher vaginal de plus mais j’ai peur qu’à ce moment-là, les patientes refusent."

Clara de Bort, directrice d'hôpital, Marie-Hélène Lahaye, du blog Marie accouche là et Mme Déjantée, présidente des vendredis intellos, ont alors décidé de rédiger une tribune afin d'interpeler la ministre de la santé sur ce sujet. Vous pouvez trouver un résumé de cette histoire et des différentes réactions sur le site des vendredis intellos en deux parties, ici et , ainsi que la chronologie des différentes actions par Clara de Bort ici et . Vous ouvez également signer cette pétition qui reprend le texte de la tribune et qui est adressée à Marisol Touraine, ministre de la santé, et Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

La réaction qui m'a le plus agacé, de la part de certains médecins, c'est "si on arrête, on ne pourra plus se former correctement". Je pense que l'immense majorité des femmes est d'accord pour participer à la formation des médecins de demain A CONDITION QU'ON LEUR DEMANDE !! Personnellement, le jour de mon accouchement, j'ai accepté sans souci que les touchers vaginaux soient faits en double, par une étudiante puis par la sage femme. Quant à celles qui refuseraient, c'est leur droit !!

Au delà du seul cas du toucher vaginal (ou rectal) sans consentement sous anesthésie générale, on peut se poser beaucoup plus largement la question du consentement en médecine. Ma première réaction, quand je m'interroge sur la question, c'est de me dire que j'ai eu de la chance. Ma première gynéco a pris le temps de m'expliquer (sans le pratiquer les premières fois) ce qu'était un examen, un frottis, le fonctionnement de la pillule (bon, elle refusait quand même de poser un stérilet à une nullipare...)... J'ai été suivie, lors de ma première grossesse, par une équipe super, et je refais ici l'éloge de la maternité des Lilas (toujours menacée de fermeture...). J'y ai refait un petit séjour il y a quelques jours (rien de grave) et j'ai à nouveau pu apprécier l'équipe de la maternité, et le respect pour les patientes. Un simple exemple : les gens qui frappent au porte avant d'entrer et le refus qu'une nouvelle personne entre pendant un examen. Et un protocole qui prend en compte le ressenti de la patiente et pas seulement les relevés du monitoring.

Mais je me suis rendue compte peu à peu que ce que je considérais comme des évidences n'en sont pas. Que pour avoir droit à la même chose, certaines de mes proches ont du se battre. Des anecdotes, j'en ai malheureusement beaucoup trop. Ma belle soeur qui dit qu'elle envisage d'accoucher sur le côté et la gynéco qui lui répond "n'importe quoi, c'est un délire de sage-femme, pourquoi pas sans péridurale tant que vous y êtes ?". Une copine de blog qui refuse un examen mais que le médecin décide de lui faire quand même parce que de toute façon elle est anesthésiée elle ne peut pas bouger. Ma tante qui doit se battre pour mettre ses filles au monde par voie basse parce que "avec des jumelles, une césarienne c'est mieux". Ou le témoignage d'une sage femme, dans une clinique privée, qui doit impérativement appeler l'obstétricien pour l'accouchement, et l'obstétricien qui utilise automatiquement les forceps, même quand c'est inutile. Les anecdotes rapportées sur twitter avec #PayeTonUtérus font également souvent froid dans le dos.

Pour toutes ces femmes, Anne-Charlotte Husson, du blog Genre!, et les trois initiatrice de la tribune citée plus haut ont créé le tumblr "je n'ai pas consenti" et le hashtag correspondant sur twitter. Parce que je ne devrais pas considérer que j'ai eu de la chance. Parce que le consentement de chaque femme doit être pris en compte.

Et un consentement qui doit être éclairé, c'est-à-dire précédé d'une information complète. Quand la seule information que donne l'anesthésiste sur la péridurale c'est "la péridurale, c'est bien, ça ne sert à rien d'avoir mal et elle facilite l'accouchement", puis "c'est mieux pour la mère et pour le bébé", peut-on parler de consentement éclairé? Quand un pédiatre, en fin de rdv, me dit "j'ai fait l'ordonnance pour le BCG qu'on fera la prochaine fois" sans aucune explication, peut-on parler de consentement élcairé ? J'ai la chance d'avoir pu bénéficier par ailleurs des informations nécessaires pour que je puisse prendre ma décision, mais le médecin n'a pas joué son rôle à ce moment là.

Autre aspect des choses que j'avais envie d'aborder ici. Je suis entourée de médecins et de personnel soignant, que j'ai cotoyé aussi pendant leurs études. Mon mari est infirmier. Il travaille depuis quelques années au bloc opératoire. Je ne veux pas diaboliser la réalité, la plupart des médecins et du reste du personnel sont respectueux, mais les excès arrivent, et ne sont pas isolés. Pas de gestes invasifs comme des touchers vaginaux, mais des plaisanteries de mauvais gout sur des patients, un chirurgien qui opère alors que c'est un autre chirurgien qui est censé le faire, l'ensemble d'une équipe qui défile pour venir voir le sexe opéré d'une transexuelle, voire des erreurs médicales cachées aux patients, il en a été témoin. Et une fois dans "l'ambiance" du bloc, il est parfois difficile de prendre suffisamment de recul pour se rendre compte que non, ce n'est pas acceptable. Il souligne également qu'il y a souvent entre médecins une "solidarité déplacée" qui les poussent à ne pas dénoncer les erreurs ou problèmes éthiques de leurs collègues. C'est pour ça qu'à mes yeux il est fondamental que des patients, des non médecins s'intéressent à ce qui se passe dans les hopitaux et aient leur mot à dire. Pour aider le personnel soignant à prendre du recul. En respectant le travail des médecins, et en prenant en compte que ce sont malheureusement parfois leurs conditions de travail qui les poussent à des actes problématiques. (c'est moins le cas au bloc, j'ai l'impression, mais dans les services, les actes sont parfois faits à la chaine, sans les explications et le respect nécessaire, par manque de temps).

Voilà ce que j'avais à en dire mais vous pouvez également trouver sur différents blogs des témoignages de soignants sur l'apprentissage du toucher vaginal ou rectal ou sur le consentement, que ce soit une sage femme, une externe, un autre externe, ainsi que les réactions d'autres blogueuses comme A contrario, la mite orange, une jeune idiote, Sandrine Donzel, etc.

Partager cet article
Repost0
30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 20:58

Il n’y a pas très longtemps, je suis tombée sur un article de rue89 parlant des livres non-sexistes pour enfants.
Et je me suis interrogée sur les livres que je lisais au quotidien aux enfants. Bien sûr, on ne trouve pas à la bibliothèque des livres comme ça :

 

 

chloé ménage

Chloé joue à faire le ménage. C'est pour les p'tites filles, si on ne sait pas le lire sur la couverture, le rose partout devrait nous l'indiquer. Et pour en rajouter une couche, voilà le résumé : "Chloé adore faire le ménage, elle fait tout comme sa maman, elle passe l'aspirateur, nettoie les carreaux, tout en dialoguant avec ses petits chats."

Je sais qu'on croirait à une blague ou une caricature, mais ce livre est réellement commercialisé ! Et si vous voulez prendre peur, il y en a toute une collection dans le même genre, et on a aussi la version pour les garçons : pendant que Chloé fait le ménage, Axel conduit un tractopelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais sans aller jusque là, la plupart des albums jeunesse mettent en scène une vision classique de la société.

Aujourd'hui, je vais m'attarder sur la représentation des parents dans les albums jeunesse. La plupart des albums lient la mère à l'intérieur de la maison, aux soins du bébé, alors que lorsque le père apparait et s'occupe du petit, c'est pour un jeu, une promenade... Et la maman représente la douceur quand le père est forcément fort et protecteur.

Je ne considère pas pour autant ces livres comme mauvais. Mais il est essentiel, à mon avis, de lire des albums montrant un partage plus équilibré entre les parents.

Une petite sélection de ces livres-là.

des-papas-et-des-mamans-ashbe.jpeg

 

 

Des papas et des mamans de Jeanne Ashbé :

un grand format, une grande image sur chaque page mettant en scène un enfant avec son père ou sa mère dans des situations de la vie quotidienne. Ici, le père fait la cuisine et les courses tout aurant que la mère. Il se termine sur l'idée que le tout-petit est entouré, plus largement, de nombreuses personnes (famille, amis) qui l'aiment très fort.

Ce livre marche très bien avec des tout-petits, dès 18 mois, puisqu'ils retrouvent leur univers quotidien, tout en découvrant des situations variées. Un de nos classiques !

De manière générale, les livres de Jeannes Ashbé ont le mérite de montrer que les papas aussi vont chercher leurs enfants à la crèche ou à l'école...

 

 

Browne - ma maman

mon papa browne

 

Ma maman et Mon papa d'Anthony Browne

Deux albums qui sont là encore deux grands classiques des albums pour tout petit. Une déclaration d'amour d'un tout-petit à son papa et sa maman.

Même si certains aspects restent classiques dans la représentation des parents (c'est maman qui fait la cuisine et les courses...), on voit le tout petit admirer la force de sa maman, costaude comme un rhinoceros, et qui pourrait être sans problème grand patron ou astronaute. L'enfant admire aussi la grâce de son père qui danse.

Le tissu de la robe de chambre de la maman et du pyjama du papa qu'on retrouve d'une illustration à l'autre sert de fil conducteur à l'album pour ces parents que l'on aime et qui nous aimeront toujours !

 

tigre, ce petit tigre

 

Tigre, ce petit tigre... de Malika Doray

Un petit livre sur l'hérédité : petit tigre ressemble aux membres de sa famille, même s'il reste unique !

Et pour une fois, il a hérité de la force de sa maman, et de la douceur de son papa !

Dès la naissance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

heureux-parents.jpg

 

Les heureux parents de Laeticia Bourget et Emmanuelle Houdart

Un couple attend son premier enfant. Celui-ci va bientôt arriver, accompagné de bonheurs mais aussi de difficultés (manque de sommeil, couches qui s'accumulent...). Cet enfant va grandir, mais les difficultés ne font que commencer ! Les parents vont affronter tout cela ensemble, les questions symboliques comme les taches quotidiennes.

Un très bel album, joliment illustré.

A partir de 5 ans.

 

 

 

 

 

Et pour finir mon petit coup de coeur du jour :

papa pas à pas

 

 

Papa pas à pas de Philip Waechter

 

Un jeune papa découvre son fils. De la sortie de la maternité aux promenades dans le parc, des grandes questions ("vaccin, pas vaccin?"), des jours avec et des jours sans (la première maladie de bébé)...

Des illustrations délicates, un sujet traité de façon sensible, et, je pense, assez juste.

Un livre que j'offrirais bien à un futur papa. Qui sera peut être plus touché et plus concerné qu'un enfant...

 

 

 

 

 

Un livre vous fait envie ?

D'autres idées de titres ?

Bientôt, d'autres titres concernant la lutte contre les stéréotypes sur les filles et les garçons...

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Lila
  • : Bibliothécaire, maman du magicien (né en 2012) et de la puce (née en 2015), je parle de mes coups de coeur en littérature jeunesse, de ma vie, de mes ballades... J'ai un autre blog, http://filledalbum.wordpress.com où je réunis des ressources pour une littérature jeunesse antisexiste.
  • Contact

Recherche