Marie-Aude Murail est mon auteure jeunesse préférée. Une des rares à réussir à me faire rire et pleurer dans un même roman (je pense en particulier à "Oh boy!", ça marche à chaque fois que je le lis, et j'ai bien du le lire 3 ou 4 fois). Il est donc étonnant que je ne me sois pas jetée plus tôt sur son dernier opus, "3000 façons de dire je t'aime". Il faut dire que le résumé ne m'inspirait pas spécialement. Mais je me suis laissée tenter à cause de l'auteure, et j'ai eu raison.
Chloé, Bastien et Neville, qui étaient ensemble au collège, se retrouvent par hasard lors du premier cours de théâtre au conservatoire. Ils deviennent très vite inséparables.
Pourtant, ils sont très différents les uns des autres. Bastien, fils de commerçants, ne rêve que de faire rire. Neville, fils d'une mère célibataire, porte le prénom d'un héros de série. Sa mère "ne s'était pas avisée que le héros britannique étiat silencieux et tourmenté. Dès le bereau, Neville décida de lui ressembler". Chloé, fille de prof, élève modèle, mène une petite vie bien rangée et un peu étouffante, et trime en prépa. Si le côté "tous les oppose et pourtant il vont devenir proches" semble un peu artificiel au début, ça ne dure pas.
Et ce livre est avant tout l'histoire d'une relation, essentielle pour ceux qui la vivent lors du passage à l'âge adulte. Une relation qui ne s'embarrasse pas d'étiquette. Amitié ? Amour? Hétérosexualité, homosexualité, bisexualité ? Ça n'a aucune importance, ce qui compte c'est qu'ils s'aiment, qu'ils sont là les uns pour les autres, dans une de ces relations fusionnelles qu'on peut vivre à l'adolescence (est-ce que ces relations ne peuvent de vivre qu'à 18 ans ? Disons que j'étudie la question en ce moment...).
Ce livre est aussi une ode au théâtre, à ses acteurs et à ses auteurs, les citations sont nombreuses, les personnages parlent des pièces qu'ils lisent et des scènes qu'ils travaillent (alors oui, on imagine qu'il pourrait être utilisé de manière pédagogique, mais pitié, ne lui faites pas subir ça !). Et un éloge du professeur attentif, qui sait tirer le meilleur de ses élèves, mais qui n'est pas sans défauts pour autant.
Comme toujours, Marie-Aude Murail mèle avec énormément de talent humour et émotion. Certains passages sont hilarants, en particulier la description de la représentation dee Roméo et Juliette par le club de théâtre du collège avec une prof "atteinte d'une maladie curieuse (qui) ne supportait pas les romans qui finissent bien, qu'elle pensait écrits pour les imbéciles et les américains" et des "rouges" et des "bleus" pour que les élèves s'y retrouvent entre Capulet et Montaigu. Même si des sujets plus grave affleurent, on reste cette fois du côté de la légerté.
En bref, un très bon moment, un roman qui se lit facilement pour les ados dès 13 ans.