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19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 22:00

Marie-Aude Murail est mon auteure jeunesse préférée. Une des rares à réussir à me faire rire et pleurer dans un même roman (je pense en particulier à "Oh boy!", ça marche à chaque fois que je le lis, et j'ai bien du le lire 3 ou 4 fois). Il est donc étonnant que je ne me sois pas jetée plus tôt sur son dernier opus, "3000 façons de dire je t'aime". Il faut dire que le résumé ne m'inspirait pas spécialement. Mais je me suis laissée tenter à cause de l'auteure, et j'ai eu raison.

3000 façons de dire je t'aime de Marie-Aude Murail

Chloé, Bastien et Neville, qui étaient ensemble au collège, se retrouvent par hasard lors du premier cours de théâtre au conservatoire. Ils deviennent très vite inséparables. 

Pourtant, ils sont très différents les uns des autres. Bastien, fils de commerçants, ne rêve que de faire rire. Neville, fils d'une mère célibataire, porte le prénom d'un héros de série. Sa mère "ne s'était pas avisée que le héros britannique étiat silencieux et tourmenté. Dès le bereau, Neville décida de lui ressembler". Chloé, fille de prof, élève modèle, mène une petite vie bien rangée et un peu étouffante, et trime en prépa. Si le côté "tous les oppose et pourtant il vont devenir proches" semble un peu artificiel au début, ça ne dure pas. 

Et ce livre est avant tout l'histoire d'une relation, essentielle pour ceux qui la vivent lors du passage à l'âge adulte. Une relation qui ne s'embarrasse pas d'étiquette. Amitié ? Amour? Hétérosexualité, homosexualité, bisexualité ? Ça n'a aucune importance, ce qui compte c'est qu'ils s'aiment, qu'ils sont là les uns pour les autres, dans une de ces relations fusionnelles qu'on peut vivre à l'adolescence (est-ce que ces relations ne peuvent de vivre qu'à 18 ans ? Disons que j'étudie la question en ce moment...).

Ce livre est aussi une ode au théâtre, à ses acteurs et à ses auteurs, les citations sont nombreuses, les personnages parlent des pièces qu'ils lisent et des scènes qu'ils travaillent (alors oui, on imagine qu'il pourrait être utilisé de manière pédagogique, mais pitié, ne lui faites pas subir ça !). Et un éloge du professeur attentif, qui sait tirer le meilleur de ses élèves, mais qui n'est pas sans défauts pour autant. 

Comme toujours, Marie-Aude Murail mèle avec énormément de talent humour et émotion. Certains passages sont hilarants, en particulier la description de la représentation dee Roméo et Juliette par le club de théâtre du collège avec une prof "atteinte d'une maladie curieuse (qui) ne supportait pas les romans qui finissent bien, qu'elle pensait écrits pour les imbéciles et les américains" et des "rouges" et des "bleus" pour que les élèves s'y retrouvent entre Capulet et Montaigu. Même si des sujets plus grave affleurent, on reste cette fois du côté de la légerté. 

En bref, un très bon moment, un roman qui se lit facilement pour les ados dès 13 ans. 

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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 18:53

Chaque premier samedi du mois, le challenge "je lis aussi des albums" propose un thème commun. J'ai ainsi publié un livre sur l'amour le premier samedi de février, un livre sur le printemps le premier samedi de mars. J'ai malheureusement raté les rendez-vous d'avril et de mai, mais me revoilà aujourd'hui ! Le thème du jour, ce sont les albums anglais,(albums d'auteurs, illustrateurs anglais, albums sur l'Angleterre, se déroulant en Angleterre, albums pour apprendre l'anglais...).

 

Je pensais avoir trouvé l'album idéal, un album qui est dans la pile des livres dont j'avais envie de parler depuis longtemps (j'avais un brouillon d'article qui datait d'octobre), et dont j'étais certaine qu'il était écrit et illustré par deux anglaises. Mais je découvre en préparant l'article que si Helen Oxenbury est bien anglaise, l'auteure, Mem Fox, est australienne...Tant pis, trop tard pour changer de livre ! 

2 petites mains et 2 petits pieds de Mem Fox et Helen Oxenbury

Cet album est une comptine,. Le texte se déroule toujours de la même manière : "un bébé est né ..., un autre bébé est né..., et ces deux bébés, tout le monde le sait, ont deux petites mains, et deux petits pieds". 

2 petites mains et 2 petits pieds de Mem Fox et Helen Oxenbury
2 petites mains et 2 petits pieds de Mem Fox et Helen Oxenbury
2 petites mains et 2 petits pieds de Mem Fox et Helen Oxenbury
2 petites mains et 2 petits pieds de Mem Fox et Helen Oxenbury

Mais parmi tous ces enfants, un est à part, même s'il a, lui aussi, deux petites mains et deux petits pieds. "c'est le mien !"

2 petites mains et 2 petits pieds de Mem Fox et Helen Oxenbury

C'est donc une mère qui parle ici. Avec son refrain le texte plait généralement beaucoup aux tout-petits. Ils y découvrent des repères tout en s'enrichissant grace aux variantes. 

Les illustrations d'Helen Oxenbury sont comme toujours magnifiques, pleines de tendresse. Elles sont simples et lisibles, le plus souvent sur fond blanc ou avec un décor simple. 

Chaque répétition de la comptine présente deux nouveaux bébés, qui rejoignent ceux présentés précédemments. Au fur et à mesure du livre, les enfants grandissent : du nouveau né du début, ils marchent à quatre pattes, puis se mettent debout... Ils jouent ensemble, se tiennent par la main, se font des calins... 

On y découvre des enfants de toutes origines et de tous horizons. Dans une littérature jeunesse ou une écrasante majorité des personnages sont blancs, cela fait du bien. 

 

Un autre extrait, en anglais cette fois, pour rentrer un peu plus dans le cadre du challenge : l'occasion de voir que les 10 doigts et 10 orteils sont devenus les 2 mains et les 2 pieds en français ! Les images viennent d'ici

2 petites mains et 2 petits pieds de Mem Fox et Helen Oxenbury
2 petites mains et 2 petits pieds de Mem Fox et Helen Oxenbury

J'ai proposé ce livre au magicien pour la première fois quand il avait 9 ou 10 mois. J'ai d'ailleurs découvert ce livre a ce moment là, par hasard, j'avais déjà repéré sa couverture à la bibliothèque mais je n'avais jamais pris le temps de le regarder vraiment. Je l'ai réemprunté à plusieurs reprises. Il faisait partie de ses livres fétiches vers un an. On est ensuite passés à d'autres lectures. Mais je pense que ce livre l'a vraiment marqué. "mains" et "pieds" ont fait partie de ses premiers mots. Et il y a un mois, avec un collègue, nous avons organisé une séance "petite enfance" à la bibliothèque où nous avons utilisé ce livre. Le magicien était présent, et même s'il ne l'avait pas vu depuis plusieurs mois, je suis certaine qu'il l'a reconnu : il s'est précipité dessus et n'a pas voulu le lâcher ! Ce livre a donc provisoirement fait son retour chez nous... 

 

Chlop parle également de cet album ici.

Helen Oxenbury est une super illustratrice qui a fait de nombreux albums pour enfants. Parmi eux, j'aime particulièrement la chasse à l'ours écrit par Michael Rosen (que je présente brièvement ici et dont Chlop parle ). Je ne l'ai pas encore lu au magicien... il faudra que je le fasse, tiens ! Pour écouter un peu d'anglais, le voilà raconté par son auteur, Michael Rosen, jubilatoire ! Et le roi Jules et les dragons écrit par Peter Bently. 

 

Challenge bleu : 17/20

Challenge bleu : 17/20

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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 12:00

Un court article sur ce livre, parce que j'avais déjà parlé assez longuement de Axinamu des mêmes auteurs. Si Axinamu est consacré aux animaux terrestres, Oxiseau est un imagier sur les oiseaux, avec là encore des rabats à soulever, des silhouettes à reconnaitre...

Mais je voulais quand même y consacrer un article, déjà pour vous montrer à quel point il est beau, encore plus magnifique je trouve, que celui consacré aux animaux :

Oxiseau de Pittau et Gervais (et un peu Axinamu aussi)
Oxiseau de Pittau et Gervais (et un peu Axinamu aussi)
Oxiseau de Pittau et Gervais (et un peu Axinamu aussi)
Oxiseau de Pittau et Gervais (et un peu Axinamu aussi)

 

Mais aussi parce que je voulais vous dire à quel point il plaisent au magicien. Le magicien qui ne dit toujours pas "bonjour" mais qui dit "bison" et "manchot". 

 

Nous avons montré Axinamu au magicien pour la première fois en février 2013. Oxiseau vient de rejoindre sa bibliothèque. Ces livres ont un statut un peu particulier pour lui : alors que la quasi totalité de ses livres est en accès libre dans sa chambre, ceux-là sont rangés dans le salon avec MES livres pour enfants. Il sait qu'il doit installer ces livres soigneusement au sol pour pouvoir les regarder, car il sont trop grands pour qu'il le manipule autrement.

Il les regarde d'un air gourmant en disant "gros gros". Il en prend soin, les manipule calmement, et a bien compris qu'il fallait refermer les rabats avant de tourner les pages. Ils sont en très bon état si on excepte un accident quand il avait 9 ou 10 mois. 

Il reconnait certains animaux, les nomme, imite leur bruit...

 

J'aime bien proposer de temps en temps des très grands formats au magicien, qui permettent de mettre particulièrement en avant l'objet livre. J'aime particulièrement ceux-là, car avec leurs rabats, ils rendent nécessaire un vrai investissement physique. Ces livres se regardent, mais ils se "vivent" aussi, comme le montre bien, je trouvent, les deux séries de photos suivantes : 

Axinamu, février 2013Axinamu, février 2013Axinamu, février 2013

Axinamu, février 2013

Axinamu, mai 2014Axinamu, mai 2014Axinamu, mai 2014

Axinamu, mai 2014

L'anonymat du magicien sur internet étant important à mes yeux, on ne voit pas le grand sourire qu'il a en manipulant ces livres, il va falloir me croire sur parole !

Challenge bleu : 16/20

Challenge bleu : 16/20

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 14:16

Celles et ceux qui me connaissent savent à quel point j'adore Ilya Green. J'ai d'ailleurs déjà parlé de deux de ses livres, mon arbre et marre du rose, qui sont tous les deux des coups de coeur. Alors forcément, quand j'ai vu passer les premiers Bulle et Bob, série qu'elle a illustré, je les ai feuilleté, et ça m'a fait envie. Mais quand en plus, j'ai lu le coup de coeur de Maman Baobab pour le dernier, Bulle et Bob au jardin, je me suis dit avant même des les écouter que j'allais adorer. Alors forcément, lors de notre visite suivante à la librairie , je l'ai montré au magicien en chantonnant la mélodie que j'avais retenue en voyant la bande annonce (oui, les mélodies restent très facilement dans la tête). Et il n'a plus voulu le lâcher. Il a été rejoint rapidement par Bulle et Bob dans la cuisine.

Bulle et Bob de Nathalie Tual et Ilya Green
Bulle et Bob de Nathalie Tual et Ilya Green

Je pourrais expliquer que les illustrations d'Ilya Green sont superbes, mais je préfère vous mettre quelques images qui parleront d'elles-mêmes. On y trouve de nombreux petits détails, et le magicien adore chercher et montrer les coccinelles et les différents légumes du jardin, les fraises dans la cuisine... Il montre aussi le chat, présent sur quasiment toutes les pages de Bulle et Bob dans la cuisine. 

Bulle et Bob de Nathalie Tual et Ilya Green
Bulle et Bob de Nathalie Tual et Ilya Green

Plutôt que des histoires à proprement parler, ces albums nous livrent deux tranches de vie. Un frère et une soeur plantent des tomates cerises dans le premier, font un gateau dans le second. On y retrouve de nombreux plaisirs enfantins : mettre les mains dans la terre, arroser, manger des petits bouts de pate crue, mettre du bazar partout...

Bulle et Bob de Nathalie Tual et Ilya Green

Chaque histoire dure un bon quart d'heure. Les textes sont simples. C'est Nathalie Tual qui lit tout le texte même s'il y a de nombreux dialogues, donc on retrouve l'ambiance intimiste d'une adulte qui lit une histoire, et pas l'effet "théâtre" que l'on a parfois quand chaque personnage est lu par un lecteur différent. Les chansons sont entrainantes, Nathalie Tual a une très belle voix et les mélodies comme les paroles se retiennent facilement (oui, je connais déjà les deux albums par coeur).  Elle est parfois accompagnée par ses deux enfants, et par Anne Sylvestre dans Bulle et Bob dans la cuisine. 

La relation entre le frère et la soeur et bien rendue. Les adultes sont absents, ou presque (une grand-mère intervient pour allumer un four). Et on retrouve à la fois la complicité et les petites rivalités d'une fratrie. Qui est-ce qui va s'approprier le grand rouleau à patisserie ? Bob, l'aîné, bien sûr. Mais c'est aussi lui qui va trouver des solutions pour que sa soeur réussisse ses gateaux et l'aider à ouvrir le robinet du jardin. 

 

Et le magicien ? 

Le magicien a voulu mettre son chapeau, comme Bulle dans le livre.

Le magicien a voulu mettre son chapeau, comme Bulle dans le livre.

Il voue à ces livres une passion qui me surprend chaque jour. Jusque là, il n'avait prêté aucune attention aux histoires à écouter en CD (j'avais testé "Pépito super héros" qui le laisse de marbre), mais là, il les réclame à longeur de journée ("Bob Bob !"). Il est capable de les écouter 2 ou 3 fois de suite sagement assis devant le lecteur CD, en regardant le livre. Il les connait par coeur, montre les détails, et s'il ne tourne pas les pages "au bon moment", il est tout à fait capable de retrouver la page qui correspond à la chanson qu'il est en train d'écouter. 

Même si on les écoute souvent ensemble, il reste aussi de longs moments à l'écouter seul, et j'avoue que ce n'est pas complètement etranger au fait que j'apprécie autant ces livres-CD. Bulle et Bob dans la cuisine = une douche tranquille !

 

Si la perspective de 20 minutes tranquilles ce que je dis de ces deux livres n'a pas suffi à vous convaincre, voilà la bande annonce de Bulle et Bob au jardin et vous pouvez retrouver d'autres extraits sur le site de Didier Jeunesse. Moi, je n'ai qu'un seul problème : on doit bientôt rendre "Bulle et Bob dans la cuisine" à la bibliothèque !

Challenge bleu : 14 et 15/20

Challenge bleu : 14 et 15/20

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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 15:48

C’est mon collègue qui a absolument voulu commander ce roman pour la bibliothèque. Et quand il est arrivé, c’est la couverture qui m’a fait de l’œil et donné envie de le lire (même si après lecture, on ne retrouve pas vraiment l’héroïne en surpoids dans la petite fille maigrichonne de la photo).

Le chat aux yeux d'or de Slivana de Mari

C’est le jour de la rentrée pour Leila. Elle quitte l’école du quartier des marais où elle vit, entre des bidonvilles et un camp de réfugiés, pour le collège de la ville. Mais elle se heurte au mépris et aux moqueries des élèves plus aisés et des enseignants. Elle aperçoit par la fenêtre un chat . « Il est noir, squelettique, tout écorché et blessé, avec des yeux brillants comme les étoiles quand le ciel en est plein ». Et d’une certaine manière, ce chat va lui venir en aide.

 

Ce roman n’hésite pas à aborder des sujets très durs. Leila est pauvre. Vraiment pauvre. Sa mère se tue à la tâche en faisant des ménages au noir, sans réussir à en vivre dignement. La réalité n’est pas édulcorée, la précarité s’accompagne de son lot de difficultés :  pères absents, enfants livrés à eux-mêmes, maltraitance et même mutilation sexuelle…. Pourtant, aucun misérabilisme dans la représentation de sa vie. Sa mère est aimante, son quartier est un lieu de découvertes qui fait de Leila une petite fille beaucoup plus dégourdie que ses camarades du même âge, il y règne une certaine solidarité, en particulier entre enfants.

 

 

Ce qui est marquant, c’est la dureté de l’école, des professeurs, pour cette enfant qui ne sort pas du moule qu’ils attendent. Il y a ceux qui pêchent pas une pitié excessive (la prof de maths qui la regarde avec pitié au lieu de lui expliquer comment faire une division), le prof de sport qui ne réfléchit pas au fait que ce qu’elle exige n’est pas possible pour tous les élèves :

 

« Il n’y aura pas cours aujourd’hui car personne n’a sa tenue de sport le premier jour, ça va de soi. On commence donc la prochaine fois. Ceux qui se présenteront sans le nécessaire auront un avertissement, souvenez-vous en. A propos, le nécessaire comprend… ils prennent des notes ? Bien… un survêtement bleu foncé ou éventuellement noir, un T-shirt à manches courtes, blanc, sans rien d’écrit, de dessiné ou de gribouillé dessus, une paire de chaussettes avec talon renforcé, une paire de chaussures de sport…

Leila a pris son stylo, mais elle le repose sans rien écrire. Elle se dit que si elle avait ces affaires ou les moyens de les acheter, elle ne se baladerait pas attifée comme quelqu’un qui s’est échappé d’un camp de réfugiés ou a volé ses vêtements à un épouvantail. (…) Elle sait déjà qu’elle oubliera ses affaires pendant tout le reste de l’année scolaire. »

 

Mais aussi l’hostilité et le mépris affichés de la prof d’italien :

« De quelle école viens-tu ?

Question facile.

- De la Santorre de Santarosa, répond Leila.

Peut-être était-ce moins facile qu’il n’y paraissait : les angles de la prof d’italien s’effondrent de désaprobation et les rires moqueurs fusent de nouveau dans la classe. Au cours des minutes qui suivent, Leila se rend compte que les écoles se divisent en établissements de catégorie A et établissements de catégorie B.

Or la Santorre de Santarosa fait visiblement partie de la catégorie Z. Son nom ronflant désigne en fait un baraquement à proximité des marais, fréquenté par les enfants des camps de réfugiés et de nomades. On n’y trouve en général aucun spécimen national. L’année dernière, Leila était une exception. D’ailleurs, il n’est même pas prévu qu’un élève sorti de ce poulailler ose gravir les marches menant au collège. La prof d’italien commente : les parents de nationalité italienne, même ceux qui vivent dans les marais (et qui, soit dit en passant, ne sont pas la crème de la crème) ne sont quand même pas si stupides. Comment font-ils pour ne pas comprendre la nécessité d’inscrire leurs enfants ailleurs ? »

 

La dureté de certains passages est « compensée » par la douceur d’autres. Leila va créer des liens avec des enfants de sa classe. Découvrir que l’aisance financière ne rend pas forcément heureux et ne garantit d’une famille équilibrée. Chacun va apprendre des autres, à l’occasion d’un exposé sur halloween. La lecture (en particulier celle du seigneur des anneaux) va lui permettre, ainsi qu’aux enfants de son quartier, d’accéder à autre chose. Un chien perdu, qui débarque chez elle, va contribuer à la rendre heureuse. Et son propriétaire qui la recherche pourra peut être bien jouer un rôle dans sa vie…

Le happy end est un peu (beaucoup) facile, mais donne le sourire. C’est un des avantages du roman jeunesse de faire passer sans que ce soit gênant un retournement de situation pas forcément crédible.

 

La présence du fantastique, très légère, avec le personnage du chat, n’existe peut être que dans l’imagination des lecteurs. J’ai aimé le fait qu’elle ne soit pas trop appuyée.

 

La seule réserve que j’aurais sur ce roman, c’est le début. Le prologue n’est à mes yeux pas très utile et les « conseils pour devenir écrivain » de l’auteur qui ouvrent le premier chapitre jurent avec le ton du reste du livre. Mais il serait vraiment dommage de s’arrêter à ça et de ne pas découvrir la suite.

 

Un roman à lire dès l’entrée au collège (les personnages sont donc en 6e) et à faire lire aux plus grands, aux adultes et aux profs pour qu’ils réalisent qu’ils pourraient faire partie de ces personnes un peu méprisantes, même sans le vouloir, face à une élève qui ne rentre pas dans le moule, alors que souvent, comme Leila dans ce roman, c’est quelqu’un d’extraordinaire que l’on va avoir envie de suivre et de découvrir.

 

Un autre avis chez Radicale (blog découvert récemment et qui décidément me plait bien...).  

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16 mai 2014 5 16 /05 /mai /2014 12:00

J'ai un aveu à faire : j'adore la chick litt', même celle pour ados. Alors Attachiante m'a fait envie, un jour où j'avais envie d'une lecture pas prise de tête.

Attachiante de Sarah Manning

Ce livre a officiellement le scénario le moins original qu'on puisse imaginer : ils sont complètement différents, ils se détestent, se chamaillent à longueur de temps, mais son irresistiblement attirés l'un par l'autre. Et ce qui n'était au départ que physique va devenir une belle histoire d'amour. Voilà voilà. On ajoute à ça un secret de famille, un voyage à New York, des mensonges qui seront découverts... Bref, rien de palpitant de ce côté là.

Et pourtant, je me suis régalée en lisant ce livre. Grâce à l'héroïne. 

Si tout le monde la rejette au lycée parce qu'elle est excentrique, c'est une star du net grace à son blog et son compte twitter (j'avoue qu'avoir comme définition de geek "elle s'habille en fripperie et est dépendante de twitter" ferait s'étrangler plusieurs de mes amis ^^, mais passons). Mais surtout, elle assume ses réflexions, les dialogues sont savoureux, elle a un super sens de la répartie et ses chamailleries avec Michael débordent de naturel (la scène de sexe vaut le détour, bien loin des minauderies ou des élans de romantisme de la plupart des romans pour ados, mais sans virer vers le trash). Et puis une héroïne féministe, qui le clame haut et fort, ça aussi ça fait du bien. Des romans pour ados où on croise "clitoris" ou "patriarcat", il n'y en a pas tant que ça !

 

Bref, même si ce roman n'est pas un chef d'oeuvre, on passe un excellent moment, et on évite le côté lénifiant qu'ont trop souvent les romans d'amour pour ados.

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14 mai 2014 3 14 /05 /mai /2014 14:57

Ce livre, je l'ai pris à la bibliothèque pour Fille d'Album, parce que je le trouvais intéressant au niveau des représentations. Et puis je l'ai lu... Et ce petit ours m'a décidément beaucoup fait penser au magicien !

Alors j'ai eu envie de vous en parler, même s'il n'est plus édité, pour vous dire de ne pas le laisser passer si vous tombez dessus en bibliothèque.

Une minute, Alfred ! de Virginia Miller

C'est une histoire toute simple, de vie quotidienne. Un papa est très occupé par les tâches ménagères mais son fils s'impatiente, il veut jouer avec son papa. Celui-ci lui explique, d'abord patiemment, puis un peu énervé (les parents ne sont pas parfaits), qu'il doit d'abord s'occuper de la maison. Quand son père a fini et qu'il est enfin disponible, Alfred sait parfaitement de qu'il veut faire !

Une minute, Alfred ! de Virginia Miller
Une minute, Alfred ! de Virginia Miller
Une minute, Alfred ! de Virginia Miller

 

Cet album décrit tellement bien ce que nous vivons avec le magicien en ce moment. Le fait que ce soit si difficile, pour un petit bout, d'apprendre à attendre. Le "nan" d'Alfred me rappelle furieusement le "non" systématique du magicien dès qu'on lui pose une question. Et surtout, la passion des enfants de cet âge pour les jeux d'imitation, ou encore mieux, la participation aux tâches des grands. Je le trouve vraiment d'une grande justesse. 

Cet album est aussi, pour les parents, un appel au partage, à l'attention portée à l'enfant, tout en acceptant qu'on ne puisse pas être parfaits tout le temps et que parfois, on s'énerve, on hausse la voix. Le père prend le temps de jouer avec son fils, cherche à lui faire plaisir. 

L'illustration est très classique, mais pleine de douceur et de tendresse.

Et puis cet album permet aussi de lutter contre les stéréotypes sexistes avec le père qui s'occupe de la maison en tablier. Il permet même de se rendre compte qu'on peut nous-même avoir intégré des stéréotypes sexistes. J'en parle longuement aujourd'hui même sur Fille d'Album

Challenge bleu : 13/20

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9 mai 2014 5 09 /05 /mai /2014 12:00
Le petit monde d'Elliott Erwitt

Quand on a reçu ce livre à la bibliothèque, j'ai tout de suite pensé à Apostille qui cherchait il y a peu "un livre pour bébé avec des photos, de préférence des photos de personnes" et puis je l'ai feuilleté et j'ai eu un gros coup de coeur pour ce livre.

C'est un imagier tout simple qui regroupe des photographies d'un grand photographe américain, Elliott Erwitt. J'avoue mon ignorance totale en photo : je n'en avais jamais entendu parler. Des photos en noir et blanc, prises entre 1950 et 2005. Toutes superbes. Tour à tour drôles, émouvantes, intriguantes... On y trouve de nombreux enfants, des bébés, mais aussi des familles entières, des personnes âgées, des animaux, et en particulier de très nombreux chiens à qui Erwitt voue une véritable passion. 

Et Marie Houblon, qui a sélectionné les photos, a eu l'excellente idée de les accompagner d'un simple verbe. Le fait d'utiliser un verbe et pas un nom, un adjectif ou un texte explicatif est de nous envoyer imédiatement du côté de l'imaginaire, de l'interprétation, de l'échange, et jamais de la pédagogie. L'interprétation est plus ou moins évidente selon la photo. Dans certains cas, on trouve plusieurs photos pour un seul verbe (jouer... au ballon et jouer... de la musique). 

 

Voici quelques unes de mes préférées. (Je pense que ma préférée est celle qui représente une mère et son bébé, allongés sur le lit, qui se regardent, accompagnés du verbe "découvrir", mais elle est trop sombre pour que je la reproduise, et c'est une raison de plus d'aller voir ce bouquin !). 

Le petit monde d'Elliott Erwitt
Le petit monde d'Elliott Erwitt
Le petit monde d'Elliott Erwitt
Le petit monde d'Elliott Erwitt

Je ne pense pas que ce livre soit un livre "pour bébé", mais je pense qu'on peut le montrer à des bébés qui seront fascinés par les photos, comme on peut le présenter à des enfants plus grands avec qui on pourra discuter. 

 

Marianne de La mare aux mots en parle aussi ici

Challenge bleu : 12/20

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 12:00

Ces derniers temps se sont accumulés plusieurs romans dont j'ai envie de vous parler. Et on commence par un roman adulte, parce que oui, ça m'arrive d'en lire !

Silo de Hugh Howey

"Dans un futur postapocalyptique indeterminé, une communauté d'hommes et de femmes a organisé sa survie dans un silo souterrain géant. Du monde extérieur, devenu hostile, personne ne sait rien, sinon que l'athmosphère y est désormais irrespirable. Les images de mauvaise qualité relayées par d'antiques caméras, montrant un paysage de ruine et de dévastation balayé de vents violents et de noirs nuages, ne semblent laisser aucune place à l'illusion. Pourtant, certains continuent d'espérer. Ces individus, dont l'optimisme pourrait s'avérer contagieux, représentent un danger potentiel. Leur punition est simple. Ils se voient accorder cela même à quoi ils aspirent : sortir" (4e de couv').

On suit successivement quatre personnages. Holston, shérif de la communauté, qui décide de sortir du silo, Jahns et Marns (la maire du silo et l'adjoint du shérif) et Juliette, la nouvelle shérif. 

 

Pourquoi j'ai choisi ce livre, moi qui ne lit jamais de SF pour adultes ? Un peu au hasard : je l'avais remarqué sur la table des coups de coeur de ma librairie fétiche, donc quand quelqu'un l'a rendu à la bibliothèque, je me suis dit "pourquoi pas ?". Et j'ai bien fait. 

Parce que la découverte du silo, d'une communauté fonctionnant en vase clos, est passionnante. Et parce que l'effet du huit clos est particulièrement bien rendu, mais aussi l'organisation du silo, bati sur plus de 100 étages qu'on ne peut parcourir qu'à pieds. Se lancer dans la descente ou la montée se présente comme une expédition.

Parce que le suspens est bien entretenu, nous livrant juste assez d'éléments pour que cela ne soit pas frustrant. Et les scènes d'action sont sans esbrouffe mais haletantes.

Mais surtout pour le personnage de Juliette. Formée aux machines, dans les tréfonds du silo, elle se retrouve dans un univers bien différent dans les étages supérieurs. Mais elle ne renonce pas à sa façon de penser, à sa capacité à comprendre le fonctionnement des mécanismes, à son énergie et à sa détermination. C'est vraiment un beau personnage. 

Bref, j'ai passé un bon moment. Mais je n'ai pas vraiment de moyen de comparer avec d'autres titres !

 

Sinon, pour la petite histoire, Hugh Howey a d'abord autoédité des nouvelles sur internet (qui forment les deux premières parties du roman) avant d'être publié. Ce roman est le premier ouvrage de science fiction a être publié en France chez Actes Sud, et c'est le premier volume d'une trilogie. Le second, qui est en fait un préquel, vient de sortir et nous en dit plus sur les origines du Silo. 

 

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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 23:27

Jeudi, j’ai passé la journée en formation sur la « chanson jeunesse ». J’ai découvert plein de choses, réécouté des chansons que j’aimais petite fille, et j’ai chanté plein de chansons à mon fils. Depuis, j’ai « j’habite une maison citrouille » dans la tête.

Ca m’a donné envie d’en parler sur les vendredis intellos, blog que j’ai délaissé ces temps-ci. Mais comme j’ai pris 10 pages de notes et que je suis bavarde, pour ne pas assommer tout le monde je vais en parler en plusieurs fois. Aujourd’hui, je parle de la chanson pour les tout-petits. Je présente plein de collections intéressantes, de livres-CD à ne pas rater... Allez y jeter un coup d'oeil !

 

On a parlé, lors de cette formation, de plusieurs livres CD que j’écoutais avec le magicien. Alors ici, je vais vous donner mon avis perso (et celui du magicien) sur ces écoutes, et sur les livres qui les accompagnent. Ca tombe bien, j'avais un bout d'article en brouillon sur ce sujet !

Je vous avais déjà parlé de mes coups de coeur pour Berceuses du monde de Didier Jeunesse et Coccinelle Demoiselle

 

Parmi nos classiques, on trouve aussi deux livres CD de chez Didier Jeunesse, les jeux chantés des tout-petits (réédité sous le titre "les jeux chantés des p'tits lascars") et les premières comptines des tout-petits (réédité sous le titre "les premières comptines des p'tits lascars"). Le premier est un cadeau, nous avons trouvé le second en vide grenier. 

 

Comptines, chansons et jeux de doigts
Comptines, chansons et jeux de doigts

Le premier réunit des jeux de doigts et trouve le bon équilibre entre grands classiques qu'on est contents de retrouver (ainsi font, l'araignée gypsie, petit escargot...) et découvertes. Les explications des gestes, parfois accompagnées de petits schéma, sont très claires. Les illustrations de Martine Bourre sont très belles (vous en avez un aperçu sur le site de l'éditeur). le magicien adore les jeux de doigts. Seul petit regret : les 42 pistes s'enchainent un peu rapidement, et il est difficile de suivre les paroles et les jeux de doigts sur le livre tout en étant vraiment dans l'échange avec le bébé. J'ai parfois eu l'impression, aussi, qu'on passait à la suivante quand le magicien commençait à piger le truc. Mais je pense que ce livre est une excellente base pour se constituer son propre répertoire de jeux de doigts. 

 

Je trouve le second un peu moins réussi au niveau des illustrations (certaines ont d'ailleurs été changées dans la nouvelle édition), mais j'adore son contenu. Les formes de chanson proposées sont plus variées : quelques jeux de doigt, des comptines parlées, des chansons... Le jeu sur les longueurs est intéressant, avec les comptines de quelques phrases qui servent d'intermède entre deux chansons plus longues. Là encore, on retrouve des classiques (à la volette, pimpanicaille...) et on fait des découvertes. 

 

Quelques unes de ces comptines m'interrogent, au niveau des valeurs véhiculées. Il est régulièrement question de coups de batons, de p'tit dernier pour qui il ne reste rien... J'ai fit le choix de les chanter quand même, en me disant qu'elles ne me servaient pas de modèle éducatif et qu'on aurait l'occasion d'aborder ces sujets quand il serait plus grand.  Il n'y en a qu'une que je saute en général : "le p'tit GIldas". Parce que non seulement "son père en colère... beaucoup beaucoup l'gronda ! on le mit dans la cave... tout seul avec les rats, hihi hahaha" mais qu'en plus le commentaire ajoute "Cette chanson, loin de traumatiser les enfants, éveille leur curiosité et leur donne tout loisir de se moquer. Les "hihi hahaha" sont éloquents et montrent clairement qu'il s'agit moins de s'identifier au p'tit Gildas que de le montrer du doigt et de se laisser aller au plaisir de la raillerie". Alors non, j'encouragerai pas mon gamin à me moquer d'un enfant cruellement puni... Mais ce n'est qu'une chanson sur les 33 proposées, et je trouverais dommage de se laisser arrêter par ça !

 

 

Nous écoutons aussi beaucoup "mon imagier des rondes" (qu'il va falloir que je me décide à rapporter un jour à la bibliothèque...) et nous avons acheté récemment "mon imagier des amusettes". 

Comptines, chansons et jeux de doigts
Comptines, chansons et jeux de doigts

Cette fois, ce sont des petits formats cartonnés aux couvertures épaisses, plus facilement manipulables par les tout-petits. 16 chansons ou comptines par volume, une double page consacrée à chaque chanson. Et j'adore les illustrations d'Olivier Tallec. Le premier réunit là encore des jeux de doigts, le second, comme son nom l'indique, réunit des rondes. Je pense qu'il est génial à utiliser en groupe, avec des enfants de maternelle (pour un gouter d'anniversaire ?). Mais il peut aussi tout à fait s'utiliser pour danser juste avec un tout-petit, en respectant ou non les gestes. Le plus grand bonheur du magicien est de nous regarder, son papa et moi, en train de faire les gestes (non, vous n'êtes pas obligés de nous imaginer tout les deux en train de "danser la capucine" devant un magicien hilare). 

Là encore le choix des chansons est bien fait, il est agréable à écouter, et à une exception près (j'ai envie de tordre le coup de l'enfant qui "tient par la barbichette") les voix des enfants sont agréables (et pourtant, je n'aime pas du tout les chants d'enfants). 

Je pense qu'un intérêt de ces titres, c'est qu'ils peuvent facilement et rapidement être utilisés par l'enfant seul, avec son livre et son lecteur CD. Mais ça serait dommage de se priver d'un aussi chouette moment de partage et d'échange mais bon, des fois ça permet d'aller aux toilettes tranquille

Nous, on les utilise aussi sans CD : le magicien ouvre le livre, je chante la chanson (oui, au bout de quelques jours temps on les connait toutes par coeur) et dès qu'il tourne la page, je change de chanson, même si je suis en plein milieu d'une phrase. Ca l'éclate !

Ah, petit détail : quand ils indiquent sur la 4e de couv' "pistes 17 à 33, jeux", c'est en fait seulement les versions instrumentales des chansons. 

 

Bref, ces 4 livres CD, on aurait du mal à s'en passer. Le magicien nous les demande très souvent. Il réussit même maintenant à mettre de la musique tout seul (et est ravi d'avoir trouvé la touche "monter le son" les voisins moins je pense).

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  • : Le blog de Lila
  • : Bibliothécaire, maman du magicien (né en 2012) et de la puce (née en 2015), je parle de mes coups de coeur en littérature jeunesse, de ma vie, de mes ballades... J'ai un autre blog, http://filledalbum.wordpress.com où je réunis des ressources pour une littérature jeunesse antisexiste.
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