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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 13:00

Cet article est également publié sur le blog des vendredis intellos

vendredis intellos

 

Je parlais il y a quinze jours des tout-petits à la bibliothèque. Sur le blog des vendredis intellos, Mme Déjantée se demandait : "effectivement quel type d’action pourraient être menées pour permettre au public qui n’a pas forcément de rapport habituel avec l’objet « livre » de se sentir à l’aise. Comme le souligne le guide que tu présentes: les lieux comme les bibliothèques ont leurs codes, leurs règles… il n’y a pas en jeu uniquement la question de savoir si on aime lire ou non, si on aime raconter des histoires ou non, il y a aussi celle de savoir si on se sent appartenir à ce monde ou pas."

Alors j'ai eu envie de parler de quelques initatives qu'on peut regrouper sous l'expression (très moche, mais bon) "bibliothèque hors les murs". 

 

C'est  ATD Quart-Monde qui a créé les premières "bibliothèques de rues" dans les années 1960. L'idée était d'apporter les livres et la lecture sur les lieux de vie des personnes défavorisées afin de lutter contre la pauvreté et l'exclusion par (entre autres) l'accès au savoir. 

Petit aperçu en vidéo ici.


Depuis les années 1980, les bibliothèques municipales organisent elles aussi des actions en dehors de la bibliothèque, appelées bibliothèques hors les murs, souvent en partenariat avec des associations ou des bénévoles. 

L'objectif principal est de toucher des publics éloignées du livre, de donner une image positive de la lecture et de la bibliothèque et d'attirer de nouveaux publics à la bibliothèque. 

"Dans ce mouvement "vers", il y a quelque chose d'un apprivoisement : provoquer une rencontre entre des hommes et un objet de culture, par delà le contexte institutionnel de la bibliothèque. Cependant, la visée ultime de ces lectures en plein air est d'attirer les "non-publics" entre des murs plus légitimes ; la lecture de rue est souvent nommée "médiatrice". (...) Je la dirais plutôt ambassadrice de l'institution. Gardons à l'esprit cette mission (parmi d'autres : le plaisir du texte, , l'accès à un patrimoine culturel, etc.)". 

Julia Bonaccorsi, "le livre déplacé, une bibliothèque hors-les-murs" dans la revue Communication et langages, 2001


 

Deux exemples d'action

Les BHLM parisiennes

Les BHLM (pour Bibliothèques Hors Les Murs) parisiennes existent depuis 2000. Elles se sont développées peu à peu et désormais plus de 30 bibliothèques y participent l'été, dans les parcs et jardins de la capitale.

bhlm.gif

Les bibliothécaires, parfois accompagnés de lecteurs de l'association LIRE à Paris, installent des tapis colorés sur une pelouse et y disposent des livres. On y trouve des livres pour tous les âges : des albums pour tout-petits, pour enfants un peu plus grands, des contes, des BD, des mangas... Sont privilégiés les formes courtes, pour que la lecture puisse se faire en une seule séance. La sélection des titres est faite avec soin, et évolue au cours de l'été selon les demandes des lecteurs. 

bhlm-photo-parc-belleville.jpg

Photo prise en 2009 au parc de Belleville (source).


Les "bibliothèques hors les murs" (BHLM) sont conçues comme des lieux de rencontre et d'échange gratuits et libres dans un environnement convivial. (...) Une séance dure environ deux heures. La lecture individuelle est la meilleure pratique pour ce type d’action : un adulte lit un livre choisi par l’enfant. Ce dernier écoute, assis, debout, en jouant, à son rythme. L’adulte respecte le texte, fait des pauses, passe le relais à d’autres lecteurs, mais ne se laisse pas accaparer par un seul enfant. Parents et adultes peuvent également faire la lecture et certains enfants lisent seuls.
Magali Raillon (Mission accueil des publics et action culturelle, Bureau des bibliothèques et de la Lecture, Mairie de Paris)

 

Ce dispositif était à l'origine destiné aux enfants des quartiers sensibles, souvent plus éloignés du livre. Mais les BHLM ont pris de l'ampleur, et sont désormais présentes dans toute la capitale. Elles font désormais partie de l'offre de loisirs proposée par la municipalité l'été, comme on le voit dans la communication faite par la mairie (affiches, publicité...). Elle gardent cependant leur aspect militant.  

Et elles permettent de donner aux parisiens une image différente des bibliothèques et des bibliothécaires, plus ouverte, plus joyeuse, et je l'espère, plus proche de la réalité que l'image caricaturale qu'ils en ont parfois.

 

En 2010, il y a eu près de 10 000 enfants touchés, dans les 28 BHLM organisées par 32 bibliothèques.

Je considère que même si ensuite l'enfant ne met jamasi les pieds à la bibliothèque, les BHLM lui apportent quelque chose. Un moment, même court, de lecture plaisir, surtout dans un cadre aussi agréable, c'est important. 

Mais le but est quand même d'ammener ce public jusqu'à la bibliothèque. Pour cela, les bibliothécaires parlent de la bibliothèque, des possibilités, des conditions d'inscriptions. Expliquent qu'elles sont ouvertes à tous, même aux tout-petits et aux bébés. Distribuent prospectus et papiers explicatifs. Certaines bibliothèques mettent en place des actions spécifiques (un gouter organisé à la bibliothèque pour fêter la fin des BHLM par exemple). 

Mais il ne faut pas oublier que leur faire franchir la porte de la bibliothèque ne suffit pas: 

"Comment recevoir ce nouveau public dans la « bibliothèque dans les murs » ? L’accueil réservé à ces familles et enfants reste privilégié : retrouver les visages familiers des personnes présentes lors de la bibliothèque hors les murs permet d’assurer le relais avec les autres bibliothécaires. L’accompagnement est essentiel, et permet à l’enfant d’acquérir peu à peu une autonomie, d’apprendre à lire et à « se débrouiller » seul. Mais comme ce qui est autorisé « hors les murs » ne l’est pas forcément « dans les murs » – les règles à respecter dans la bibliothèque sont différentes de l’extérieur : ne pas parler trop fort, ne pas courir, ne pas manger… –, le travail se fait sur le long terme et les résultats ne sont jamais visibles immédiatement."

Isabelle Masse, Bibliothèque hors les murs, Bulletin des bibliothécaires de France, 2002

 

 

La bibliothèque de plage de Frontignan

Je suis tombée dans le dernier numéro de  Citrouille (super magazine des librairies jeunesse indépendantes) sur la présentation d'une autre initiative que j'ai trouvé super, la "paillote aux livres" de Frontignan. 2000 livres sont mis à disposition des vacanciers dans une paillote installée sur la plage, ouverte tous les jours. "Il suffit de choisir un ouvrage, de s'installer sur la terrasse... et de s'offrir un moment de lecture, de détente. Le livre n'est pas fini ? Pas de problème, un marque-page permet de retrouver son livre le lendemain ou la semaine suivante".

117124_fr_lirealamer.jpg

Ca fait envie ces petits transats, non ?

Cette initiative est destinée aux adultes autant qu'aux enfants. Des animations sont organisées (heure du conte faite par les bibliothécaires de la ville par exemple).

En 2009, cette bibliothèque de plage a touché plus de 18 000 lecteurs. 

"Depuis quatre ans, sur une plage, une bibliothèque s'est donc fait une place. Jeunes, moins jeunes, les vacanciers sont fidèles au rendez-vous quotidien. Le reste de l'année, ils ne sont pas tous des habitués des bibliothèques et des librairies. Mais ici, le livre est venu jusque sur le sable, et comme une vague inattendue et un peu plus haute que les autres, les a fait quitter leur serviette".

Carole Ohana, librairie A titre d'aile (super librairie lyonnaise pour enfants, au passage), "sur la plage, à l'ombre des pages"


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